Hôtes discrets de nos jardins

23.05.2024

Bien que moins ignorées par les passionnés d'entomologie, de nombreuses espèces communes plutôt méconnues du grand public sont pourtant facilement observables dans les jardins et les prés. Dans la foule immense de ces invisibles pas toujours faciles à identifier,voici quelques citoyens que l'on croise sans même les remarquer. Inutile de dire que cette petite liste n'est franchement pas exhaustive! Il est d'ailleurs probable que cet article soit le premier d'une série. Commençons le micro-safari au jardin !

Parmi les coléoptères, les charançons ont mauvaise réputation. Pourtant, certains ne manquent pas de charme pour peu qu'on les regarde de plus près

Si vous avez repéré immédiatement un petit citoyen sur ce plan d'herbe aux mouches (Inula conyzae) qui se cache sur cette photo, alors vous êtes prêt pour découvrir la petite faune insoupçonnée de votre jardin...

Les charançons sont des discrets dont on remarque surtout les dégâts qu'ils font parfois dans nos cultures. Ceux du genre curculio (Curculio pellitus ?) ressemblent à des peluches miniatures. A droite, le charançon vert soyeux (Polydrusus formosus) qui a déjà fait l'objet d'un précédent article.

Chacun saura repérer sans difficulté les grosses araignées comme l'épeire diadème (Araneus diadematus) ou l'argiope frelon (Argiope bruennichi). Remarquer les cousines naines de ces stars, l'épeire concombre (Araniella cucurbitina) par exemple, semble moins évident.

Argiope (à gauche) et épeire diadème (à droite)

Épeire concombre (Araniella cucurbitina)

Les pardoses sont des petites araignées qui se déplacent rapidement sur le sol et sur les murs. Au printemps les femelles portent leurs œufs sous l'abdomen (à droite) puis leurs jeunes sur le dos.

Les hémiptères (cigales, punaises et autres pucerons) sont souvent présents. Ci-dessous quelques exemples d'espèces que l'on peut rencontrer en ouvrant l’œil.

Hémiptère du genre Aphrophora. (Aphrophora alni ?)

Punaise verte (palomena prasina) et punaise arlequin ou graphosome (Graphosoma italicum).

Les diptères sont largement représentés sur les fleurs sauvages du jardin. Mouches diverses et syrphes apprécient particulièrement le séneçon jacobée et les ombellifères considérés souvent comme "mauvaises herbes".

Melanostoma scalare (à gauche) et Sphaerophoria scripta (à droite)

Quoi de plus énervant, l'été, que les mouches qui nous harcèlent. Quelques unes de ces agaçantes bestioles sont pourtant de véritables bijoux quand on y regarde de plus près. Le genre lucilia, par exemple, comprend des espèces ayant toutes en commun cette couleur vert métallisé qui leur valent la dénomination globale de mouches vertes. A noter que leur surnom plus commun pour ne pas dire trivial de "mouches à merde" est injustifié puisque les adultes ne sont jamais observés sur les fèces et que les larves se développent en se nourrissant de cadavres. Un surnom parfaitement adapté par contre au scatophage de fumier. Comme l'avait déjà noté Jean Henri Fabre, les ordures des uns sont les pâtisseries des autres !

Scatophage du fumier (à gauche) et mouche verte du genre lucilia dont les larves se nourrissent de cadavres.

Les chanceux pourront apercevoir ce visiteur inattendu et devenu rare: une lucane.

Une lucane femelle se promène à la nuit tombante.

Enfin, même si votre jardin est dépourvu de plans d'eau, vous pouvez avoir la visite d'agrions ou demoiselles.

Un agrion (Calopteryx splendens) s'est posé sur une feuille de forsythia.

Repères

Insectes ou araignées ?

Insectes et araignées appartiennent au grand groupe animal (embranchement) des arthropodes ou étymologiquement, animaux aux pieds articulés. On distingue de manière classique quatre grands groupes d'arthropodes: insectes (sous-embranchement des hexapodes), araignées (sous-embranchement des chélicérates), crustacés (sous-embranchement des arthropodes) et myriapodes ou mille-pattes (sous-embranchement des arthropodes).

Insectes et araignées diffèrent sur de nombreux points. On note ci-dessous les principaux et les plus faciles à distinguer à l’œil nu. Avec cela, plus aucune excuse pour se tromper !