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           C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris la disparition brutale de Michel Guimas. Michel était un ami de la première heure de Loxia. Nous perdons un collaborateur et un ami. Il faisait partie de ces grands animaliers amateurs que l’on rencontre dans les festivals dédiés à la nature où il fut souvent invité, collectionnant les sélections et les prix. Des lauriers mérités : il était non seulement un observateur doué mais aussi un remarquable faiseur d’images, amoureux de la faune sauvage de Touraine  et passionné  par le cerf sur lequel il a réalisé de nombreux films.

     Le cerf, la grande passion de Michel.

            Comme c’est souvent le cas avec les amis de Loxia, j’ai connu Michel au cours d’un festival de cinéma en 2007, lors de la première édition de Besancourt qui se déroulait, comme son nom le laissait deviner, à Besançon. Plusieurs documentaires étaient en compétition, et parmi ceux-ci, un court « le roi des forêts ». Le titre et le sujet (un film sur le cerf) me firent d’abord sourire. A l’heure des projections, Michel présente son film. J’admire alors la manière décontractée et assurée avec laquelle notre homme présente son œuvre. Il faut dire que je suis particulièrement mal à l’aise dans ce genre d’exercice !

     Michel au micro: un exercice dans lequel il semblait particulièrement à l'aise.

    Je ne suis qu’au début de ma surprise. Au moment de la projection… le choc ! Je suis ébloui, totalement bluffé par la qualité des images. Splendide. Ce type est trop fort!

    En 2007, Michel réalise un film superbe sur le cerf : "Le roi des forêts". Ce n'est pas le premier et ce ne sera pas le dernier...

          J’oublie le titre, trop naïf à mon avis, quelques maladresses de montage et de mixage du son, totalement conquis par la beauté des plans. A la fin de la séance, je vais vers mon petit camarade et on commence à discuter nature, prises de vue, matériel, technique. Échanges de coordonnées, et je lui propose une collaboration pour un  opus futur qui se concrétisera par la réalisation de «Je me souviens »,(l’ histoire d’un renard écrasé !) qui obtiendra plusieurs récompenses.

          Malheureusement pour Michel, le prix du meilleur documentaire reviendra cette année là à "L'âme du cochon", un film où l'on saignait avec allégresse  un malheureux cochon !

           Dans les mois qui suivent, je crée le logo « Loxiafilms » puis la chaine Youtube « Loxiavideo » dans laquelle j’intègre les courts réalisés par Michel et qui obtiennent un joli succès. Parmi les titres les plus appréciés : «Deux mois plus tard», «La couleuvre verte et jaune », « Dans les brumes du matin ». Comme le monde est petit, je constate que nous avons une connaissance commune, Paul Giboureau qui nous a quittés en décembre 2015, avec qui je conversais déjà depuis quelques temps sur le forum du Repaire numérique ! Paul habitait tout près de chez lui. L’un se passionnait pour les cervidés, l’autre était un explorateur méticuleux du microcosme de l’herbe. Ainsi, pendant quelques années, nous avons formé un trio d’amis qui, tour à tour, collaboraient pour une œuvre commune ou réalisaient leurs propres productions.

          Mais les qualités de Michel ne s'arrêtaient pas à son art animalier. C'était aussi un amateur de poésie qui distillait en privé un humour pince sans rire. Humour qui ponctuait parfois ses films, comme une pirouette après avoir abordé un sujet sérieux ou grave. Pour oublier la tristesse, je finirai cet article avec deux citations de mon pote Michel : la conclusion de son film « la vie d’un gland »  et l'un de ses poèmes.

          Au revoir l'ami. Et merci pour toutes ces belles choses que tu as su nous faire découvrir avec talent...

     

     

    Le renard

     

    Oh toi tendre Goupil, tu parcours les sentiers

    Famille des canidés, tu habites le terrier

    Ton pelage brun roux, enveloppe magnifique

    Est bercé de tendresse par ton regard magique.

     

    Dès le mois de janvier, tu cherches la femelle

    Qui comme toi bien sûr est toujours la plus belle,

    Tu visites les bois, et quitte la lisière,

    Tu n’attends pas la nuit pour jouer dans la clairière.

     

    Tu habites les forêts mais colonises les villes,

    Tu traverses l’étang pour rejoindre les îles,

    Tu n’attends pas le printemps pour connaître l’amour,

    Les nuits ne suffisent plus et tu colores le jour.

     

              Tu aimes les campagnols, tu raffoles de mulots,

              Tu grignotes les fruits, parfois les escargots

              Tu caches avec talent l’entrée de tes terriers

              Ton acuité des sens n’est plus à démontrer.

     

     

    La nuit parfois au loin, j’entends ta voix qui jappe,

    Alors tout près de toi, j’imagine la harpe,

    Accompagnant ton saut d’une douce musique,

    L’incrustant tendrement de notes mélodiques.

     

    Le bipède que tu vois, son pinard et ses armes,

    Le bourreau qui te cherche et fait couler tes larmes

    N’a qu’une envie, c’est sûr, pouvoir te supprimer

    Il en a les moyens mais n’est pas très rusé.

     

    Alors ne t’inquiète pas, continue ton chemin,

    Promène tes petits dans les brumes du matin,

    Elimine les rats qui détruisent nos blés

    Et tu verras un jour l’arroseur arrosé !

     

    Crédit photos: © Loxiafilms / Michel Guimas 2019  

     © imageincabestany.org

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